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De l’entrée à l’offrande des mages : enseignements pour aujourd’hui

  • 5 janv.
  • 5 min de lecture


Ils lui offrirent leurs présents  : de l'or, de l'encens et de la myrrhe
Les mages portant leurs coffrets

« Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Méditons ce passage tiré de l’évangile de cette fête de l’Épiphanie.


Ils entrèrent dans la maison. Les mages ne sont pas des gens du coin. Ils ne sont même pas Juifs. Ce sont des païens. Mais ils entrent dans la maison de Jésus. Alors, si c’est la première fois que tu entres dans une église, si tu es athée, agnostique ou d’une autre religion, sache que tu y es le bienvenu. Car la maison de Dieu accueille toute personne, qui qu’elle soit et d’où qu’elle vienne. Hérode, les grands prêtres et les scribes ont préféré rester à distance. Hélas, il y en a qui, comme Hérode, nourrissent une profonde animosité et une grande aversion pour tout ce qui parle de Jésus. D’autres, comme les grands prêtres et les scribes ont reçu une bonne éducation religieuse ou bien se disent croyants mais ils préfèrent rester chez eux, vivre leur foi en autarcie. Quoi qu’il en soit, il y a un message adressé à tout le monde, chrétien dedans ou à distance, non chrétien tolérant ou pas, message transmis par Saint Paul dans la deuxième lecture : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse ».


Ils virent l’enfant avec Marie sa mère. Les mages voient un bébé, non pas dans le palais d’Hérode, mais dans un coin perdu de Bethléem, dans les bras d’une humble jeune fille juive. Mais ils ont la révélation que c’est lui le Roi des Juifs qu’ils cherchent. C’est sûrement grâce à l’étoile dira-t-on. Mais l’étoile ne s’est pas montrée qu’à eux. Elle était visible aux yeux de tous, mais il n’y a que ces mages-là qui l’ont suivie. Et pourtant, on peut supposer qu’ils n’étaient pas les seuls mages de l’époque. Le mystère de Dieu se manifeste à tout le monde mais seuls quelques-uns en reçoivent la révélation. Quand on parle de mystère, on pense que c’est Dieu qui se cache. Non, c’est nous qui n’avons pas les yeux suffisamment ouverts pour le voir et comprendre ce qu’il nous révèle. Recevoir une révélation n'a rien à voir avec des connaissances théologiques. Les scribes savaient que le Messie naîtrait à Bethléem mais ce sont les mages qui l’ont effectivement rencontré. Mystère resté caché pour les connaisseurs mais révélé à des païens ! Des centaines de personnes entrent dans l’église chaque jour. La plupart voient de belles œuvres d’art, entendent de magnifiques chants et pièces d’orgue. Seuls quelques-uns voient Dieu. Tous, nous entendons la Parole de Dieu. Pour certains, ça ne signifie rien d’autre que de belles paroles de sagesse, des histoires intéressantes, des enseignements de valeur, pour d’autres encore, c’est du blabla. Mais ceux pour qui ces paroles sont celles de la vie éternelle vivent des expériences spirituelles extraordinaires car le Seigneur leur révèle les secrets de ses mystères. Ils voient ce que les autres ne voient pas.


Tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. C’est un peu trop sérieux là ! En général, quand on est devant un bébé, on essaie de jouer un peu avec lui, de le faire sourire. Mais les mages sont carrément en attitude d’adoration. Ils ont certainement perçu quelque chose de grand et vécu quelque chose d’extrêmement fort. Quand Dieu se révèle à nous, on ne peut que tomber d’extase devant sa grandeur. Et saint Paul de s’exclamer : « il est grand le mystère de la foi ». A chaque messe où je rencontre le Seigneur, est-ce que je réalise vraiment que je vis quelque chose de grand ? Quand je communie, ai-je vraiment conscience que c’est Dieu que je reçois ? Ne dois-je pas mettre plus de piété, de respect et de profondeur dans mon attitude au cours de la messe ? Dans la crèche, Jésus n’est encore qu’un tout petit enfant tandis qu’il reçoit l’hommage des impressionnants mages. Ainsi, plus que devant un pouvoir qui s’affiche dans toute sa force, nous devons nous abaisser devant la fragilité des plus petits : servir les plus pauvres. Car le Seigneur se reconnaît en eux. Ce sont eux nos vrais maîtres.


Ils ouvrirent leurs coffrets. Nous pouvons mettre ce geste en parallèle avec l’ouverture de la Porte Sainte annonçant le Jubilé de l’an 2025. Chez les Juifs, il est de tradition, au cours de l’année jubilaire d’ouvrir les prisons et de libérer ceux qui s’y trouvent, de remettre toutes les dettes, de pardonner tous les torts… Nous sommes invités à imiter les mages et ouvrir les coffrets de nos cœurs, là où sont enfermées des rancunes vieilles de plusieurs années. Oui, ouvrons nos coffrets et libérons ceux que nous y avons retenus prisonniers. Devant Jésus, ouvrons nos cœurs pour accueillir sa Parole. Tant que nous avons le cœur fermé, nous venons à la messe, nous entendons plein de choses, mais nous ne retenons absolument rien parce que nos cœurs sont restés fermés comme des huîtres et nous totalement imperméables à son amour.


Ils lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils ont offert leurs présents, c’est-à-dire quelque chose qui venait d’eux-mêmes et qui représentait leur identité propre. Ils offrent l’or, l’encens et la myrrhe. L’or est signe de puissance, de pouvoir. Jésus est Roi. L’encens symbolise la prière des fidèles ; Jésus est Dieu. La myrrhe est un parfum de grande qualité, utilisé aussi pour embaumer les morts. Jésus est homme. On retrouve aussi dans ces signes, les trois dignités du Christ auxquelles nous sommes associés par notre baptême : La dignité de roi avec l’or pour prendre en main le gouvernement de l’Église dans un esprit synodal, à travers nos dons, nos compétences, notre dynamisme ; 2° la dignité de prêtre avec l’encens pour nous offrir ainsi que le monde entier comme un encens agréable à Dieu ; 3° la dignité de prophète avec la myrrhe, pour annoncer la Bonne Nouvelle, malgré les oppositions et les persécutions et ce jusqu’à la mort. Ces symboles représentent aussi ce que Dieu attend de nous quand nous venons le prier. Il semble dire à chacun : offre-moi ton or, tes gloires, tes joies, tes succès, tes instants de bonheur ; offre-moi ton encens, tes espérances et tes prières, tes attentes ; offre-moi enfin ta myrrhe, tes douleurs, tes souffrances, ta maladie, tes échecs, tes blessures, tes révoltes…


            Que cette fête de l’Épiphanie soit pour nous plus qu’une affaire de galette et de fève ; qu’elle nous fasse entrer profondément dans la démarche des mages, en portant dans les coffrets de nos cœurs l’humanité entière.

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