6e dimanche de Pâques C : La paix du Christ !
- 24 mai
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« Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix »
Par l’emploi insistant du possessif « ma », Jésus nous fait comprendre que la paix dont il parle est totalement différente de tous les modèles de paix que connaît notre monde. Les hommes construisent la paix sur la base de l’élimination sociale ou physique, de l’intimidation, de la méfiance, de l’hypocrisie. Cette forme de paix ne supprime pas les velléités de guerre et de conflit. La paix de Jésus est originale parce qu’elle ne vient que de lui et lui seul. Il est donc le seul capable de la donner. Il en est l’unique source.
Le sens du mot grec Eirênê employé par l’évangéliste rend compte de celui du mot hébraïque shalom. Et ce sens déborde de beaucoup le mot paix en français. Au-delà de l’absence de guerre, Shalom désigne un don qui contient tous les autres : bien-être, bonheur, santé, prospérité, sécurité, salut, relations sociales bien équilibrées, harmonie entre Dieu et les hommes, vie vécue dans sa plénitude. Dieu lui-même est Shalom. Dans l’Apocalypse (ce mot signifie révélation et non désastre ni fin catastrophique), Jean entrevoit justement une cité qui est habitée par cette paix du Christ. Cette Jérusalem nouvelle (Jérusalem qui signifie cité de paix) brille, resplendit de la gloire même de Dieu parce qu’elle a sa source dans le Christ. Jésus a déjà jeté, dans le monde, les semences de cette vie nouvelle et il continue aujourd’hui encore. C’est un héritage qu’il nous donne sans cesse, un héritage infiniment riche et qui jamais ne peut être épuisé. De toutes les façons, les disciples que nous sommes n’en profitons pas suffisamment. Cette paix qui est Dieu, don de Dieu, déjà avec nous, nous l’avons compris, c’est le Saint-Esprit.
Dans ce passage de l’évangile, Jésus prépare ses disciples à la venue de l’Esprit. Il leur donne la mission ou mieux les missions qu’aura à accomplir le Saint Esprit au milieu d’eux pour les maintenir dans la paix : « Le défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » D’abord, le Saint-Esprit a la mission de paraclet c’est-à-dire de défenseur ; ensuite, il est donné comme enseignant. Enfin, il a pour mission de rappeler aux disciples les mots du Seigneur en les aidant à pénétrer la signification profonde de ses actes. Ainsi, le Paraclet est pour les disciples comme un assistant, un compagnon de route qui les conduit, non pas seulement à, mais aussi dans la vérité. Il leur donne d’actualiser le message du Christ dans les différentes situations, comme ce fut le cas lors du premier concile de Jérusalem.
A sa naissance, l’Eglise primitive semblait parfaitement unie. Mais les premiers problèmes difficiles ne vont pas tarder. La première lecture nous fait écho d’une des plus violentes crises qui ont secoué cette église encore embryonnaire. Il s’agissait d’un conflit entre les chrétiens issus du judaïsme et ceux précédemment païens. Le problème qui se posait était, non pas un problème d’admission mais d’intégration des païens dans l’Eglise. Les Juifs, encore attachés à leurs coutumes avaient du mal à intégrer ceux qui, d’origine païenne, n’avaient pas reçu la circoncision. On verra dans cette violente crise l’intervention du Saint Esprit qui va ramener la paix. Le décret final du concile dit ceci : « L’Esprit Saint et nous-mêmes », pour dire que l’Esprit Saint est l’inspirateur de la décision prise.
Frères et sœurs, le Seigneur nous invite à mettre au centre de toutes nos décisions personnelles ou collectives le Saint Esprit qui seul peut nous garantir la paix. Bientôt la fête de la Pentecôte où nous allons revivre avec les Apôtres la première effusion du Saint-Esprit. Disposons-nous à l’accueillir vraiment. Prions au cours de nos eucharisties pour que le monde aussi accueille la paix que le Christ lui offre. Que les hommes et les femmes de notre temps se laissent guider et conduire par l’Esprit de Dieu. Amen.
Père Philippe Koidou-Ledoux
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