Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang de Jésus : Action de grâce.
- 22 juin
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Les gestes que Jésus accomplit dans l’évangile, lors de la multiplication des pains nous font penser à ceux de l’institution de l’Eucharistie, le Jeudi Saint. Nous retrouvons les verbes clés : Prendre, prononcer la bénédiction, rompre, donner. Mais ce n’est pas encore l’Eucharistie dont Paul parle dans la deuxième lecture. Car il manque les paroles sacrées qui donnent tout leur sens aux gestes : « Prenez et mangez (…) ceci est mon corps ; prenez et buvez (…) ceci est mon sang ». Que devons-nous alors comprendre de cet événement de la multiplication des pains ?
Il faut d’abord voir dans ce récit un signe messianique. En effet, selon la tradition rabbinique, la venue du Messie sera source de surabondance. Et justement l’évangile nous parle d’une double surabondance. D’abord, la surabondance dans l’enseignement : Jésus enseigne les foules toute la journée durant, il leur parle du règne de Dieu et les foules ne se lassent pas d’écouter. Il n’y a que lui seul qui peut faire une homélie de plus de 10 mn sans que personne ne râle. Ensuite la surabondance de pain : avec 5 pains et 2 poissons, Jésus nourrit 5.000 hommes et il en reste encore. On retrouve aussi cette surabondance aux noces de Cana où Jésus offre 600 litres de vin en plus de ce que les mariés avaient eux-mêmes produit. En parlant du règne de Dieu et en nourrissant les personnes venues l’écouter, Jésus montre qu’il est Dieu.
Le récit de la multiplication des pains nous situe ensuite sur les deux tables auxquelles le Seigneur nous convie à chaque messe : la table de la Parole et la table Eucharistique. Je viens à la messe parce que j’ai faim de Dieu : j’ai faim de sa parole et de son pain qui sont les aliments spirituels dont mon âme a besoin pour vivre. Il y a donc une différence entre venir à la messe par habitude et venir à la messe par un désir de Dieu. Si on est attentif à la faim de son âme de rencontrer Dieu, d’être nourrie de sa Parole et de son pain, alors on comprendra qu’il est nécessaire parce que vital de venir régulièrement à la messe. Faire plusieurs mois sans venir à la messe ni communier, c’est comme faire plusieurs jours sans manger ni boire. C’est affamer son âme.
Au cœur de chaque table, il y a l’action de grâce. Car le mot Eucharistie signifie action de grâce. A la table de la Parole, nous disons : nous rendons grâce à Dieu ; à la table eucharistique, nous rendons grâce après avoir apporté les fruits de la terre, le pain et le vin dont Dieu va se servir pour nous bénir. Jésus a multiplié à partir du peu que le Apôtres lui on donné. Offrir à Dieu, comme Abraham, ce que nous avons, ce que nous sommes est une manière de rendre grâce. Et l'action de grâce se poursuit au-delà de la messe, jusque devant nos assiettes où nous faisons l'expérience de la Providence divine. Voilà pourquoi nous rendons grâce à Dieu avant de prendre notre repas.
Souvent, dans la prière du bénédicité, nous demandons à Dieu de donner du pain à ceux qui n’en ont pas. Et Jésus nous répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». La fête du Saint Sacrement est donc le lieu de l’envoi en mission de partage. Dieu qui est source de toute providence veut avoir besoin de nous. Il veut que nous soyons les serviteurs de sa providence. Il nous engage donc à œuvrer pour une bonne distribution des richesses et des vivres sur la terre. C’est une aberration de voir certaines poubelles remplies de nourriture consommable tandis qu’à quelques mètres, des assiettes sont vides depuis des semaines. Si nous sommes dans l’abondance, nous avons pour mission de partager avec les autres. Jésus multiplie à profusion, mais il demande de ramasser ce qui reste. Nous sommes alors invités à une utilisation juste et raisonnable des richesses matérielles et naturelles dont Dieu nous a pourvus (énergie, nourriture, etc.).
Nourri de la Parole de Dieu, chacun peut lui adresser cette prière : Père de toute providence, béni sois-tu pour ce que tu m’offres pour ma subsistance. Fais de moi un instrument de ta providence pour mes frères et sœurs, maintenant et toujours. Amen.
Père Ehui Philippe Koidou-Ledoux