La conversion du cœur
- 22 mars
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Homélie du 3e dimanche de Carême, 23 mars 2025
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Les évangiles des dimanches de carême nous rappellent le sens et les exigences de notre baptême. Le premier dimanche de carême, dimanche de la Tentation, nous faisait comprendre le sens de la renonciation à Satan et les moyens pour y parvenir. Le deuxième dimanche de carême, dimanche de la Transfiguration, nous a rappelé que, depuis le baptême, nous sommes devenus des créatures nouvelles. Aujourd’hui, les textes nous rappellent que baptême implique conversion du cœur.
Les catastrophes dont nous sommes témoins au quotidien nous interpellent. Nous cherchons toujours à tirer les leçons de ces malheurs qui se produisent autour de nous et nous nous employons à mieux protéger les vies de la cruauté des hommes ou des accidents. Chaque jour, des mesures de plus en plus strictes et sévères sont prises pour freiner la méchanceté et l’imprudence humaines. Mais sont-elles vraiment efficaces ? Suffisent-elles ?
En 2022, je discutais avec des amis qui me disaient qu’au ski, cette année-là, tout le monde avait un casque. Eux, c’était la première fois, depuis des années de pratique, qu’ils le mettaient. Ça a été un changement provoqué par l’accident mortel de Gaspard Uliel. C’est une bonne réaction. Mais jusqu’à quand ? Devons-nous en arriver là chaque fois ? Certes, les tragédies dont je suis témoin chaque jour m’invitent à la prudence. Mais elles m’interpellent aussi pour que je me tourne plus profondément vers Dieu car l’homme n’est qu’un souffle et la vie ne tient qu’à un fil fragile. Un skieur est mort parce qu’il n’avait pas mis de casque. Depuis lors, tous les skieurs qui ne sont pas suicidaires en mettent. Bonne réaction ! Beaucoup d’hommes et de femmes sont morts brutalement sans avoir eu le temps de se convertir, de se tourner vers Dieu, de faire la paix avec leur enfant ou leur frère, de demander pardon ou d’accorder le pardon. Quelle est ma réaction ?
Nous prenons des mesures, mais il y a toujours des attentats, des meurtres, des génocides, des crimes. Dès le bas âge, les enfants de notre société « humaniste » sont éduqués aux principes de respect, d’attention à l’autre, de non-violence, etc. Mais à leur adolescence, ils se radicalisent d’une façon qui nous déconcerte. Le réseau routier français est l’un des plus développés au monde. Les mesures en ce qui concerne la sécurité routière sont des plus avancées et pourtant chaque jour en France, près de 10 personnes meurent d'un accident de la route, soit une personne toutes les 3h environ. Cela représente 3.500 décès et 73.000 personnes blessées par an. Depuis plusieurs années, nous sommes mobilisés à une meilleure protection de la nature pour limiter les catastrophes naturelles mais cela ne change pas de façon substantielle notre vie. Dieu n’a-t-il vraiment pas sa place dans ce monde ?
Aujourd’hui, Jésus nous enseigne que c’est le cœur de l’homme qu’il faut changer. Les lois, aussi sévères soient-elles ne protègeront pas les hommes d’eux-mêmes, de leur cruauté ou de leur imprudence. Si l’homme ne change pas du dedans, des personnes continueront de périr. Et c’est la mission des baptisés de changer leur propre vie et d’apprendre aux hommes à faire pareil : « De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et apprenez-leur à garder mes commandements ». « Le commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres ». Nous n’avons rien de plus que les autres pour être en vie. Ce n’est pas un mérite mais une grâce. Il faut se défaire de cette théorie de sélection naturelle. Ce ne sont pas les meilleurs qui sont en vie.
La bonne question n’est pas de savoir ce que j’ai de plus que les autres qui sont décédés ni combien de temps il me reste à vivre, encore moins comment je partirai de cette terre. J’ai à m’interroger sur ce qu’il me revient d’accomplir ici-bas pour donner du fruit, tant que Dieu me prête vie.
Ma mission consiste à transformer mon cœur pour transfigurer le monde. Dieu m’appelle à être le reflet de sa tendresse et de son amour pour libérer les hommes du joug du péché, de la haine et de la misère. Pour ce faire, je peux compter sur la grâce de mon baptême et sur la force de l’Esprit de Dieu qui me guide et m’éclaire.
Père Philippe Koidou-Ledoux





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