Thomas, le croyant !
- 27 avr.
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Dernière mise à jour : 4 mai

Dans certaines discussions, on entend parfois dire : « Moi, je suis Thomas ». Il faut comprendre par là, soit "Je ne crois pas du tout", soit "Il me faut des preuves irréfutables pour croire". Cette façon de voir associe à Thomas l’image de l’incrédulité. Or ce n'est pas ce que dit l'évangile. Jésus a demandé à Thomas de cesser d'être incrédule pour devenir croyant et Thomas va faire ce cheminement. Thomas n'est donc pas l'incrédule tout comme Pierre n'est pas le lâche. Thomas a fini par croire en la résurrection du Christ. Eh bien, à ceux qui disent qu'ils sont des Thomas, il est bon de répondre qu'ils sont par conséquent appelés par le Seigneur à cesser d'être incrédules pour devenir croyants, donc à suivre l'exemple de celui à qui ils s'identifient. De plus, l'évangile montre que Thomas n'est pas le seul à avoir eu du mal à croire à la résurrection du Christ.
Avant de rencontrer eux-mêmes le Ressuscité, les autres Apôtres n’avaient pas tous cru au témoignage des femmes. Seul Jean avait cru devant le tombeau vide. Pierre, lui, ne savait quoi penser. Et même lorsque le soir de la résurrection, le Christ s’est manifesté aux Apôtres, ils refusaient d’abord de croire. Ce n’est qu’après l’insistance de Jésus qu’ils ont cru. Et, comme Thomas était absent ce jour-là, il va lui aussi, refuser de croire au témoignage de ses compagnons : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas ma main dans son côté, non, je n’y croirai pas. » Ainsi, il se montre plus incrédule que les autres. Alors que ces derniers se sont contentés de voir le Seigneur, Thomas, lui, est plus exigeant : il veut le toucher. Mais, de cette plus grande incrédulité, va jaillir une foi plus grande : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Thomas devient ainsi l’Apôtre de l’Incarnation. En touchant l’humanité du Ressuscité il en vient à confesser sa divinité. Certes, les dix autres ont cru avant lui à la résurrection du Seigneur. Mais ils en étaient encore à la superficialité de la joie. Thomas, quant à lui, après avoir été convaincu de la réalité de la résurrection de Jésus, va à quelque chose de plus grand, à ce qu’il y a d’essentiel dans l’expérience avec le Ressuscité : la foi. Il s’agit de croire, non seulement que le Christ est ressuscité mais encore et surtout qu’il est mon Seigneur et mon Dieu. En clair, l’enjeu profond de la résurrection, c’est la foi.
Croire, certes, est un cheminement personnel qui dépend des dispositions intérieures de chacun. Les disciples n’ont pas cru au même moment : Jean avant Pierre, les disciples d’Emmaüs avant les onze, Thomas, en dernier lieu… Mais la foi a besoin d’être vécue en communauté pour éclore et s’épanouir. L’expérience de Thomas nous montre toute l’importance de la communauté de foi et de l’assemblée dominicale : partager la foi avec les autres, célébrer avec eux le jour où est née la foi, c’est-à-dire le dimanche nous fait rencontrer le ressuscité.
Si Jésus reproche à Thomas son incrédulité de départ, ce n’est pas parce que ce dernier refuse de croire, mais parce qu’il pose des conditions à sa foi : « si… si… si ». Jésus ne demande donc pas une adhésion aveugle, sans rien comprendre – ce serait être crédule mais pas croyant –, mais une disposition à croire sans condition. Car la foi est inconditionnelle.
En outre, il ne faut pas voir en Thomas le modèle de la recherche de la rationalité en tout chose. Car les preuves rationnelles irréfutables n’ont jamais conduit à la foi. Les preuves nourrissent la raison qui est insatiable. Les signes conduisent à la foi. De preuves scientifiques de la résurrection du Christ, il n’y en a aucune. Mais pour nous qui n’avons pas vu le Ressuscité, les signes sont nombreux : le témoignage de la Parole de Dieu et le témoignage des Apôtres, les sacrements qui présentent des réalités invisibles derrière des signes visibles, les témoignages extraordinaires et édifiants de miséricorde, reflets de la beauté, de la pureté et de la grandeur de la miséricorde divine qui pardonne.
Oui, le Seigneur a donné le pouvoir aux baptisés qui ont reçu son Esprit, donc qui ont été plongés dans son fleuve d’amour et de miséricorde, d’offrir cette miséricorde qui remplit de paix ceux qui la reçoivent. Ce pouvoir les rend capables, à l’image du Christ ressuscité, d’entrer, même lorsque les portes de la foi et des cœurs sont verrouillées et d’y apporter la paix de l’amour et de la compassion.
Au total, les textes de ce dimanche présentent un double enjeu : d’une part la foi en la résurrection du Christ et, de l’autre la confiance en sa divine miséricorde qui révèle le sens profond de sa mort et de sa résurrection, à savoir le pardon et le salut accordés à l’humanité entière. En ce dimanche de la divine miséricorde, implorons la miséricorde de Dieu pour toutes les fois où notre foi ne s’est pas montrée digne de lui. Et demandons-lui, par la grâce de cette Eucharistie, d’éveiller en nous la foi véritable, celle qui nous ouvrira les portes de la vie éternelle et du salut, en compagnie de Jésus le Christ à jamais vivant, régnant avec le Père et le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.
P. Ehui Philippe Koidou
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